dimanche 5 mai 2013

Voyage voyage

Bonjour tout le monde.
Ca faisait un petit moment que je manigançais quelque chose, j'avais une idée derrière la tête...
Aujourd'hui, ce n'est pas moi qui écrit l'article, aujourd'hui, l'article ne va pas parler de moi, de Kumasi, ni même du Ghana.
J'ai en effet demandé à Gus, l'un de mes compères de Bangui de bien vouloir participer à ghana mbi en lui faisant écrire un article racontant un petit peu le pays où il vient de passer 2 années: le Rwanda.
Je tiens d'ailleurs à le remercier chaleureusement et vous souhaite une bonne lecture!

Le Rwanda tout le monde connaît, au moins de nom. Un nom qui fait frémir, qui évoque des moments parmi les plus noirs de l'Histoire de l'humanité.

Après avoir vécu en République centrafricaine, notamment aux côtés de Sylvain, ma famille était ravie de savoir que j'allais aller ailleurs. En ayant fait miroiter un poste en Afghanistan rien ne pouvait être pire. Quand je leur ai annoncé que c'était le Rwanda, ils m'ont quand même regardé avec de grands yeux. Pour eux, le Rwanda, c'était pas vraiment mieux.

Alors pour situer un peu, ce petit pays grand comme la Bretagne et peuplé comme la région parisienne, a plusieurs particularités. Un peu en vrac les voici. 
Le lait et le miel y coulent à flot. C'est le pays le plus dense d'Afrique avec plus de 350 habitants au km². Les sacs plastiques sont interdits et on peut se faire fouiller à la frontière ou à la douane juste pour ça. 
Comme son voisin le Burundi, l'assemblée nationale est composée à 50% d'hommes et à 50% de femmes. Ils sont les champions du monde et ça c'est classe.

Le Rwanda est aussi surnommé « Le pays des mille collines » et à juste titre ; Kigali la capitale pointe à 1500 mètres d'altitude.  Du nord au sud et de l'est à l'ouest, ce n'est que des monts et des vallées, partout, partout. En plein coeur de l'Afrique centrale, à quelques kilomètres de l'équateur, le paysage est vert toute l'année. La température est clémente mais il pleut quasiment un jour sur deux. Il s'agit le plus souvent d'averses qui ne durent pas mais le temps est toujours voilé et brumeux. Et c'est vraiment dommage car le pays est magnifique.

Ce pays est si beau qu'une légende rwandaise dit qu'après avoir créé le monde, Dieu l'a parcouru et a décidé de s'y reposer tous les soirs. 
Comme l'indique le titre de ce très bon film sur le Rwanda, le génocide aurait eut lieu « le jour où Dieu est parti en voyage ».

A propos de Génocide, en quelques mots il faut savoir qu'il a eut lieu entre le 6 avril et le 4 juillet 1994. En 100 jours, on compte environ 1 million de morts. Cela fait 10  000 morts par jour... 
Pour réaliser, je vous invite à comparer avec la couverture médiatique qui est faite chaque jour à travers le monde...

Je ne vais pas trop insister... Enfin sur un point malgré tout, la place de la France. François Mitterand a déclaré à l'époque « un génocide dans ces pays là, ce n'est pas trop important ». La France est coupable de génocide car elle a soutenu jusqu'au bout le gouvernement rwandais dans les massacres qu'il a perpétré contre sa propre population. 
François Mitterand et des membres du gouvernement Balladur avaient des intérêts, oh pas forcément au Rwanda, mais plutôt dans la région nord-est de la République Démocratique du Congo. Cette région du nord Kivu qui est, aujourd'hui encore, pillée par les «grands» pays du monde. Le néo-colonialisme est une réalité.

Je change pour un sujet plus léger. Le Rwanda a une histoire et une culture anciennes. Une monarchie a existé pendant plus de 300 ans. Comme pour les monarchies européennes celle-ci a mené des combats et les frontières n'ont cessé d'évoluer. Les rois vivaient dans un palais, une cour les suivait également partout où ils allaient. 
La société rwandaise était constituée de sortes de castes. Il y avait les Hutu qui étaient les paysans et il y avait les Tutsi qui étaient les éleveurs (de vaches surtout, celles qui ont de grandes cornes en forme de lyre sont presque sacrées). Il y avait de la mobilité sociale (un peu). Des Hutu pouvaient devenir Tutsi, et inversement. Il suffisait d'être propriétaire d'un certain nombre de vaches.
A l'arrivée du colon (belge cette fois), les blancs ont essayé de comprendre cette organisation, sans succès... Alors ils ont figé ces différences en les inscrivant sur les cartes d'identité. Les rwandais devenaient alors Hutu ou Tutsi de père en fils et de père en fille. Les belges, puis les français ont joué de cette opposition. Ce qui a entraîné ce que l'on sait aujourd'hui.

Aujourd'hui le roi est toujours vivant, il s'est exilé en 1959 après quelques mois de règne. La succession royale va définitivement s'arrêter là car le roi ne compte rentrer au Rwanda si ce n'est pas pour récupérer son trône. Et le pouvoir en place ne programme pas du tout un changement de constitution.

Le Rwanda est un pays magnifique et fascinant, à l'histoire aussi mouvementée que sa géographie. Il se remet peu à peu de ses blessures et Kigali, la capitale, à l'ambition de devenir un hub pour les services et le tourisme pour toute la région Afrique de l'est.

Pour intégrer au mieux l'Afrique de l'Est, qui est composée de pays anglophones comme le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Le Rwanda qui était plutôt francophone, a décidé de changer en quelques mois la langue d'enseignement. Depuis 2008 les élèves ont leurs cours dans un anglais, souvent de mauvaise qualité. Et si les profs ne le maîtrisent vraiment pas ils font leurs cours en kinyarwanda, qui est la langue nationale, commune à tous les rwandais. 
Aujourd'hui la situation de la langue étrangère est critique. Le français est parlé par certaines élites qui veulent que celui-ci soit réhabilité. Les anglophones sont favorisés dans les administrations sans qu'ils soient ni les plus compétents, ni ''fluent''. 
Beaucoup de parents faisant partie de la classe moyenne qui se développe, souhaitent que leurs enfants apprennent d'abord le français, car jugé plus compliqué que l'anglais. Et que dans un second temps l'anglais soit étudié. Les écoles privées et les cours particuliers donnant une place importante au français sont très prisées.

Moi je ne fais pas dans l'enseignement comme Sylvain, je « range des livres » comme il dit. J'ai travaillé un an et demi comme responsable de la Médiathèque de l'Institut français à Kigali et suis rentré il y a quelques semaines en France. Alors cet article écrit pour le blog de Sylvain (Ghana mbi à Kumasi) , vient aussi clore d'une certaine manière le mien.

Gus

http://gus.uniterre.com



Une maison royale traditionnelle

Un tissu traditionnel

jeudi 2 mai 2013

Récit du samedi (mais le jeudi)

Il pénétra dans l'université alors qu'il était encore dans ses pensées. Les images de son arrivée lui venaient en tête. Il se souvenait très bien s'être dit un jour, alors qu'il entendait de la musique provenant d'une cité universitaire : « ouah, ils ont l'air de faire la fête là-bas ! ». Il avait compris par lui même que ce n'était malheureusement pas des soirées étudiantes qui battaient leur plein mais simplement quelques manifestations religieuses.
« à l'Université il y a aussi des églises? » avait-il demandé naïvement.
« - Bah oui... » lui avait-on répondu interloqué...
En fait, en y songeant à nouveau, il n'avait jamais réellement imaginé qu'une université puisse être aussi permissive à ce niveau, et il restait impressionné par l'omniprésence de la religion mais également par la tolérance affichée par les différentes religions!
Pourtant, elles ne faisaient rien pour se cacher, Bien au contraire. Sur le chemin de son travail à une centaine de mètre de son bureau, il croise quasiment chaque matin quelques étudiants qui prêchent à travers un microphone grésillant. Cette image, bien que le cadre soit bien différent, lui faisait systématiquement penser aux dingos qu'on voit dans les films catastrophe américain et qui annoncent la fin du monde dans la tempête. Il se demandait en tout cas ce qu'il adviendrait si ce genre de chose était faite dans une fac française. Ca ne durerait probablement pas très longtemps.
Il passa devant la zone commerciale de l'université et s'arrêta quelques instants pour observer les affiches, puis continua son chemin en songeant aux examens qui approchaient.
Lors de sa première période d'examen, il avait demandé :
« Pendant les examens, les églises s'arrêtent de fonctionner?
- Non, c'est d'ailleurs à ce moment qu'elles font le plein. Les étudiants vont plus à l'église en période d'examen. Certains y vont même trop, il y a des gens qui ratent leurs années parce qu'ils prient trop. Ça peut arriver.
Ce jour là, il était tombé sur le cul !
Depuis qu'il était là, notre cher ami avait tout de même réussi à tirer parti de sa position pour se renseigner sur la question. Il avait proposé à des étudiants de dernière année de rédiger un mémoire mettant en relation la religion et les études, et avait accepté de suivre la rédaction du travail.
Ça lui donnait du boulot en plus, mais il ne s'était pas trompé ! Et il avait beaucoup appris !
Il avait appris par exemple que l'université est dotée du « student chaplaincy council » qui a été créé pour chapeauter les association religieuses du campus et ce « conseil » n'accepte une association religieuse à l'université qu'à partir du moment où elle dispose de 500 adeptes, possède un comité exécutif et un compte.
Il s'était étonné d'apprendre qu'il existait à l'université de Kumasi 18 associations religieuses officiellement reconnues. Il connaissait même la liste par cœur

Assemblies of God Campus Ministries
Apostolic Students and Associates
Campus Christian Fellowship
Campus Crusade for Christ International
Christ Apostolic Students Union
Christian Medical Fellowship
Deeper Life Christian Fellowship
Evangelical Presbyterian Students Union
Ghana Methodist Students Union
Global Evangelical Students and Associates Ministry
Harvest Chapel Campus Ministry
Inter Hall Christian Fellowship
Lighthouse Chapel International
National Union of Baptist Students
National Union of Anglican Students
National Union of Presbyterian Students
Pentecost Students and Associates
Ce mémoire analysait également très bien les difficultés rencontrées par le Council, qui est parfois submergé. La grande pelouse située en face du stade, derrière la cité U « Indiz » avait été squattée par une église qui rassemblait chaque soir des centaines d'adeptes. Faute de mieux, l'Université à interdit l'accès à cet espace en installant un grillage. Mais cela ne semble pas avoir réellement découragé les adeptes qui se sont seulement déplacés.
Le mémoire avait pour titre : « La prolifération des mouvements religieux à l'université et son incidence sur les performances académiques des étudiants » et consacrait une large partie à une enquête. L'un de graphique montrait le nombre d'heures que les sondés passaient à l'église.
Après une brève analyse, il en conclut que les étudiants sondés passaient environ 6h par semaine à l'église, généralement les mercredis et les week-ends. La durée normale des services semble être d'environ 2h.
Toujours selon cette enquête, environ 20 % des étudiants considéraient que leurs pratiques religieuses étaient un frein à leurs études.
Ce mémoire était en tout cas sacrément intéressant et faisait un bon zoom sur ce qu'était la religion à l'université.
Ce sujet avait en tout cas très régulièrement occupé son esprit, mais il se disait cependant que pour ça, la France était tout de même un beau pays ! Il eut un petit sourire lorsqu'il repensa au débat sur le voile à l'école, puis au tout récent débat sur le fameux « mariage pour tous ». Sa réalité actuelle était vraiment bien loin de toutes ces histoires. Il vivait dans un pays religieux, et de toute manière, il fallait vivre avec, ce qu'il avait très bien réussi à faire depuis son arrivée. Il avait même réussi à supporter les nombreuses réunions et événements protocolaires qui commencent et terminent systématiquement par une prière. La seule fois où ça l'avait vraiment choqué, c'était pendant la campagne présidentielle. Il faut dire que Nana Akufo Addo, le candidat du parti principal de l'oppositon a fait fort pour ses affiches !



Il tourna à gauche, s'arrêta devant une maison et me regarda d'un air sévère. Il avait chaud, avait besoin d'une douche, et refusa de me laisser entrer... Il me laissa seul, dans la rue, équipé de mon calepin, et d'un crayon. Il était temps, mon crayon avait bien besoin d'être taillé !

Je vous fais une grosse bise, ces articles ne sont, il est vrai, pas très positifs, j'ai au moins tenté d'y mettre le style, avec plus ou moins de succès... il est impossible de vivre dans un pays sans défaut, et ne pas en parler sur mon blog serait mentir...

A très bientôt pour un article un peu plus normal. Quoique...

samedi 27 avril 2013

Récit du samedi

Un samedi matin ordinaire à Kumasi. Un jeune expatrié français se lève tranquillement aux aurores, comme à son habitude, et sort rapidement de chez lui pour faire quelques courses.
Il est déjà plus de 10h30, notre héros s'apprête alors a rentrer chez lui, arrête un taxi et après quelques secondes de négociations, grimpe dans le véhicule.
Le chauffeur passe la première et s'incruste rapidement dans le trafic. Au premier feu rouge, il enclenche machinalement son autoradio et semble chercher la bonne station.
« Un petit reggae, ça serait cool » songe le passager.
Soudain, le chauffeur se redresse, et une voix masculine s'échappe des baffles grésillantes du taxi :
- « Do you believe in Jesus ? (x4)
- YES !!! (x4)
- Do you believe in God ?
- YES !!
- Do you believe what they tell you ? Do you think we were monkeys?
- NO !!
- Do you think god created us ?
- YES !!!"
-…
Notre héros, ou étant donné sa situation, notre super-héros, effectue alors une petite moue qui en dit long. Il faut dire que, malgré tout le respect qu'il puisse porter aux différentes croyances, la laïcité véhiculée par la société française est bien ancrée au fond de lui. Selon lui, on peut croire, mais dans son coin, Malheureusement, au Ghana, cette notion de laïcité, même si elle est inscrite dans la constitution est bien loin d'être respectée.

Ca a commencé quelques semaines après son arrivée à Kumasi, lorsqu'un des profs du département de français lui avait lancé un jour : « Tu sais, y a quelques année, le Ghana a été désigné pays le plus religieux du monde. Tu vas voir. »
Ah ça, pour voir il avait vu !!! Depuis 1 an et demi, il avait compris un certain nombre de choses, et il avait vécu déjà vécu un bon nombre de situations rocambolesques.
Il avait surtout compris qu'ici, il n'y avait pas vraiment de religion majoritaire et que tout semble partagé entre protestants, catholiques, musulmans et animistes. Par contre, il y avait un truc qu'il n'avait jamais réellement capté, c'était l'organisation des religions protestantes.
Il avait en effet découvert que l'église protestante semblait se diviser en de multiples mini églises représentant différentes visions de la bible appelées pentecotistes, baptistes ou encore charismatiques... D'ailleurs, en France, on les appellerait probablement des sectes...
C'était ces espèces de mouvements religieux qui lui cassaient la tête. Les cathos, les musulmans, les animistes, ils sont présents par les prénoms, majoritairement bibliques/musulmans/traditionnels et leurs croyances sont bien entendues très respectées (Il s'étonnait d'ailleurs que les cathos et les musulmans puissent être si tolérants les uns envers les autres). Mais ces églises bizarres avec un pasteur en transe devant un public surexcité... Il ne comprenait décidément pas
Lors d'une conversation entre notre héros et un collègue, on lui avait expliqué que ces mouvements viennent des Etats-Unis, ils se sont implantés au Nigéria avant d'arriver doucement au Ghana. On dit que ça plaît aux gens, c'est vachement plus bling-bling, beaucoup plus fun. Musique à fond, on peut crier, sauter, danser... bref, se lâcher. Et les gens tombent dans le panneau. On lui a appris également que ces églises luttaient plus ou moins les unes contre les autres pour obtenir le plus d'adeptes, et que c'était donc à « celui qui fait le plus de bruit ».
En fait, en réfléchissant bien, Kumasi était un champ de bataille d'églises qui s'affrontent sans merci.
- « Elles sont vraiment riches ces églises non ? Avait-il demandé
- Oui, oui, ben elles demandent souvent pas mal d'argent à leurs adeptes. Les pasteurs sont riches ici, ils se déplacent en voiture privée avec chauffeur. Et les églises sont parmi les bâtiments les plus grands et les mieux entretenus de Kumasi. »


- Et les gens donnent de l'argent ?
- Ben oui, parfois ils sont obligés, il y a des mouvements qui demandent des intérêts si leurs adeptes ne donnent pas d'argent. D'autres bannissent certains membres qui ne sont pas très généreux. » Il y a une sorte d'adhésion à payer... Les églises organisent souvent des activités avec pique nique et prière. »

Il pensa alors à une ballade qu'il avait faite il y a quelques mois au sanctuaire des papillons, Ils étaient effectivement tombés sur ce genre de chose...

Mais en pleine guerre d'influence comment était-il possible de se limiter à un grand bâtiment ?! Il faut rameuter tout le temps, constamment !
Et les affiches fleurissent dans les rues de Kumasi. Des panneaux 4 par 3 ventant la venue de tel super-pasteur.




« - Ces événements durent longtemps ? 
- Oh, ça dépend, mais souvent, lors d'occasions spéciales, ça peut durér la journée entière. Certaines églises proposent des événements qui s'étendent sur 1 semaine. Les adeptes peuvent choisir entre 2 services. Celui du matin, généralement entre 7h et midi et celui du soir, entre 18h et 23h. Ca varie aussi selon l'événement, la taille de l'église...
- OK! Donc la prière peut durer 4h?
- Oui oui."

Au cours de son séjour, le jeune homme avait appris à vivre avec la religion. Il savait très bien que chaque samedi, au marché, des hommes tout à fait commun en semaine prendraient des enceintes, un micro, et iraient prêcher sur le bord de la route. D'ailleurs, en sortant de ce taxi, il en croiserait un. Il savait qu'il pouvait s'attendre, à n'importe quel moment, à se trouver nez à nez avec quelqu'un qui lui demande quelle est sa religion, ou qui lui propose d'intégrer son église. Il ne savait d'ailleurs pas réellement quoi répondre à cette question. Soit il avouait son athéisme, mais ses interlocuteurs se trouvaient tellement éberlués qu'il se lançaient mécaniquement dans une dissertation sur « pourquoi faut-il croire en dieu », ce qui le gonflait souvent. L'autre solution était de mentir, mais il n'aimait pas trop ça, peut-être parce que mentir est un pêché... En tout cas, s'il mentait, il mentait pour de vrai et annonçait alors qu'il était bouddhiste ou même hindou. Les gens le laissaient alors tranquille en hochant les épaules. Ces noms ne leur disaient pas grand chose...

Le chauffeur enclencha son clignotant et se gara sur le bas côté. Après quelques secondes de transaction, la porte arrière droite s'ouvrit et notre héros en sorti. Toujours plongé dans ses pensées, il regarda le taxi s'éloigner et les écritures believe in god sur son pare-brise arrière disparurent rapidement dans la circulation. Il y a beaucoup d'allusions religieuses sur les autocollants sur les taxis.



Dure matinée pour un expatrié français à Kumasi. Le soleil lui faisait comprendre qu'il fallait qu'il rentre. Il tourna les talons, et s'engouffra dans l'université. Celle-là était peut-être laïque... Qui sait ?




jeudi 18 avril 2013

Me revoici, me revoilà!

Le temps file ! Il s'enfuit par la porte de derrière !
Déjà quasiment un mois que je n'ai rien posté sur le blog. Dans ma tête résonne une petite voix qui me dit « ohlala, tu crains ! ». Et je sais très bien que quelque part, en France, à Pérols, pour être un peu précis et pour qu'il se reconnaisse, quelqu'un s'impatiente de voir Ghana Mbi pourvu d'un nouvel article. Tiens, j'en profite pour faire une grosse bises à cette personne de Pérols !
Comme je vous le disais lors de mon dernier article, le mois de mars a été très loin d'être le plus reposant ! La semaine de la francophonie a battu son plein à Kumasi, et de nombreux événements ont eu lieu ! De nombreux événements ont été annulés aussi... mais c'est une autre histoire !

Alors, avant de vous montrer quelques photos des festivités (j'y ajouterai quelques photos d'événementts antérieurs que j'ai organisés également), je voulais vous faire un petit topo de ce que c'est que d'organiser des événements culturels au Ghana.
Ceux qui me connaissent le savent, la seule qualification que j'ai en poche et qui ressemble de loin à l'événementiel est le BAFA. Pourtant, j'étais parti en connaissance de cause, et je savais que je devrais me lancer un moment dans l'organisation d'événements.
« Bon, je suis pas trop bête (quoique), plutôt organisé (quoique) un brin prévoyant (quoique), j'ai donc toutes les qualités nécessaire pour, au moins, faire quelques trucs... » m'étais-je dit en partant. J'avais pas tort, j'ai réussi à faire quelques trucs, mais... pfioooooo.

Je ne sais pas si c'est le cas dans tous les pays d'Afrique, mais ici, organiser un événement est un casse-tête sans nom, une épreuve qui demande tellement...

Lors de mon arrivée, et pendant tout mon séjour au Ghana, j'ai tenté d'analyser les envies et les spécificités du public « étudiant ashanti », pour proposer des événements au plus près de leurs envies. Leurs envies elles sont un peu bizarres, puisque d'envies culturelles, ils n'ont pas réellement. Les concerts ou autres expos ne sont pas des événements qui attirent, à condition qu'on les y amène gratuitement, que l'entrée soit gratuite, que l'événement n'ait pas lieu trop loin de chez eux, et qu'ils ne rentrent pas trop tard. Là, ça peut fonctionner...
Cependant, toutes les conditions précédemment citées peuvent être oubliées si un élément est présent dans le programme : les consos.
Ici, à l'université, il est traditionnel qu'après la grande majorité des événements (conférences, concerts, débats...) il y ait le fameux « Item 13 » (Item thirteen). C'est quoi ce trucs ? Et bien c'est simple, un événement suivant correctement le protocole contient 12 item (je vous les donnerai un jour si ça vous intéresse). Quel est donc le 13 ? Le buffet bien entendu !
Alors, évidemment, ça arrive partout, et je suis sûr que certains d'entre vous baissent honteusement les yeux en songeant aux différents événements auxquels vous vous êtes rendus par pur intérêt gustatif ! Mais disons qu'en France, c'est un plus. On se rendra à un événement parce qu'il nous plaît, et puis, bah tant qu'à faire, autant adopter une stratégie permettant d'atteindre le buffet plus rapidement...
Au Ghana, c'est encore plus dingue puisque c'est la présence du fameux « Iem 13 » qui conditionne la venue des gens. En résumé, le simple fait qu'il y ait de la nourriture et des boissons conditionne la venue des gens, et donc le succès de votre événement. C'est un peu triste vous ne trouvez pas ? Moi personnellement, ça me gonfle, et je ne compte plus les prises de bec que j'ai eues à ce sujet... Mais c'est ainsi.
Alors voilà, le public ghanéen a besoin d'être gâté, il lui faut sa petite boissons et sa petite pâtisserie « tout pour l'économie » devez-vous penser ! Eh bien oui, et non... et c'est là que ça devient totalement paradoxal ! Dans l'organisation de gros événements ; alors que si vous ne proposez pas de nourriture, les gens ne viennent pas, ils faut tout de même faire payer l'entrée ! Parce que, comme le disent les étudiants eux-mêmes « si c'est gratuit, ça veut dire que ça va être nul ». Soit...
Alors vous voyez, c'est un peu compliqué parfois, pas simple à piger ces gens !
Bon, je me passerai de parler des retards, qui sont bien entendu un des facteurs les plus difficiles à gérer ici. Mais les gens y sont finalement habitués, et attendent... Maintenant, on essaye d'anticiper et les horaires affichées sur nos flyers/posters indiquent en général l'heure de l'événements avec 1h d'avance. Ca donne l'assurance de commencer seulement 1h en retard (donc 2h plus tard que l'heure indiquée sur les flyers).

Alors voilà, c'est compliqué, et en même temps vachement intéressant d'organiser ce genre d'événement dans une culture si différentes. Et je me mets parfois à la place des professionnels de l'événementiel qui se pointent en Afrique pour des tournées ou des événements. Ahlala, ils doivent avoir le cœur bien accroché !

Tiens, passons un peu à la semaine de la francophonie ! Elle a bien eu lieu ! Alors quelques événements n'ont malheureusement pas eu lieu, faute de participants (atelier d'écriture, 1 place/1day/1country) ou d'intervenants motivés pour filer un coup de main, mais la majorité des activités ont quand même pu avoir lieu !
Le tournoi de foot, notamment, a été un grand succès puisqu'il a rassemblé environ 300 personnes !




Le concert est typiquement représentatif du manque de motivation des ghanéens pour les sorties culturelles. Nous avons eu la chance de recevoir à Kumasi le groupe Elemotho, vainqueur du concours RFI et qui font une grande tournée africaine pendant 3 mois. A ce concert ont assisté... 30 personnes... 2 ghanéens... Malheureusement, je n'ai pas en ma possession de photo à vous montrer. Ceci dit, Elemotho est un très bon groupe!

La soirée que j'attendais le plus, celle de « miss/mister francophonie » a également été un beau succès, et on a pu se régaler devant la beauté architecturale africaine (lool). Surtout Caro qui était aux premières loges en faisant juge. Nous avons reçu plus d'une centaine de personnes ce jour là ! Désolé, je garde les photos individuelles des miss pour les intimes :)



La dernière soirée n'a pas eu le succès escompté, on nous a dit que c'est parce que les gens étaient fatigués... Boarf, on est toujours un peu fatigués ici ! Mais y avait quand même des crêpes et quelques pas de danse




Ca c'est pour la semaine de la francophonie ! Mais, fort heureusement, ce n'est pas le seul moment où je bosse ! Je vous rajoute donc quelques photos ! Pour le plaisir des yeux !

Un petit débat la semaine dernière. Il opposait cette fois 3 étudiants de français à 3 étudiants francophones.



La kermesse de l'Association des Etudiants Francophones. Stand sportif, et stands de nourriture! quelques communautés avaient fait des plats!




C'est tout pour le moment, j'espère que vous allez tous bien ! Comme vous le savez, je suis désormais seul à Kumasi, Caro ayant rejoint la France récemment. Je ferai de même et rentrerai au bercail définitivement à la fin du mois de juin.

Des grosses bises à tous.

Sylv

samedi 16 mars 2013

La famille de Caro au Ghana!!!


L'auteur de ce blog nous permettant de nous y exprimer, voici donc un aperçu de nos vacances au Ghana.

La première impression ? Il fait chaud, très très chaud. Il n'a plu que le premier et le dernier soir, ce qui n'a que très légèrement rafraîchi l'air. Certes, nous nous attendions à un tel climat, mais ayant quitté Paris pour ainsi dire sous la neige, l'écart nécessite un petit temps d'adaptation...

Nos vacances se sont principalement articulées en deux temps : Kumasi et ses environs la première semaine, puis le sud-ouest du pays (la côte) la deuxième semaine.

Le village de Bonwire fut notre première excursion, afin de découvrir l'art du kenté (tissage d'écharpes, de couvertures, de tongs...). Le lendemain, Sylvain profite d'un jour férié (indépendance du Ghana) pour nous accompagner à Bobiri Forest et son sanctuaire de papillons. Là, nul besoin d'atteindre ledit sanctuaire pour être entourés de papillons ; ils nous ont accompagnés pendant tout notre trajet dans la forêt. La visite guidée du site proprement dit s'est faite au son d'un regroupement d'une communauté religieuse qui avait élu domicile à cet endroit-là pour la journée.
Plus tard dans la semaine, direction Kumasi même et le musée du Manhyia Palace, résidence du roi Ashanti. Puis, le quartier Adum pour acheter quelques tissus.

Samedi matin, Sylvain et Caroline nous immergent dans le Kejetia Market, l'un des plus grands marchés du continent africain, expérience ô combien dépaysante. Nous déambulons un moment au hasard des allées et des différentes parties (textile, viandes, poissons, légumes...). En début d'après-midi, nous prenons la route en trotro (ah les trotros...) pour le lac Bosumtwi, avec comme point de chute, une chambre d'hôte tenue par un couple franco-ghanéen et qui propose des balades à cheval. Une belle découverte et un cadre très agréable. Nous y passons la nuit et une partie du dimanche, avant de rejoindre Kumasi.

Lundi matin, la deuxième partie de nos vacances commence par un long voyage en trotro amélioré pour atteindre la côte ghanéenne et plus particulièrement le Ko-Sa Beach Resort, près d'Elmina. Nous profitons de la plage et du golfe de Guinée pour la fin de la journée. Le lendemain matin, nous nous rendons à Elmina même et au St George's Castle, ancien fort qui a servi pour le commerce de l'or et des esclaves. C'était une visite très intéressante, malgré l'historique chargé du lieu. Elmina est avant tout un petit village de pêcheurs encore bien animé.
Le reste de la journée est consacré au trajet nous menant à Akwidaa, en direction de l'ouest. Pour cela, nous avons dû prendre trois trotros différents : 5h de transport. Les trotros ne partant à chaque fois que lorsqu'ils sont pleins, nous avons attendu 1h30 dans le dernier avant qu'il se remplisse. Cela a été pour nous l'occasion de déjeuner au gré des marchants ambulants qui passaient à portée de notre fenêtre ! Arrivées à destination, nous nous installons pour deux nuits au Green Turtle Lodge, un endroit écolo où l'on a parfois davantage l'impression de camper que de résider à l'hôtel. L'ambiance est néanmoins très agréable et nous profitons à nouveau de la plage et de l'océan quelque peu agité. Nous avons passé la journée suivante à Ezile Bay, endroit magnifique avec un beau lagon pour tranquillement barboter.
Ces quelques jours sur la côte nous ont permis d'une part de bien s'aérer, et d'autre part de découvrir une bonne partie de la cuisine ghanéenne, faite de bananes plantains, d'haricots, de riz, de yam et de poulet à toutes les sauces, le tout plus ou moins épicé... Les fins gourmets que nous sommes ont apprécié ! (même si nous ne voyions pas toujours très bien ce que nous avions dans nos assiettes, repas aux chandelles ou à la lampe à huile oblige).

Le jeudi, nous quittons le lodge de bon matin pour rejoindre le village d'Akwidaa par la plage (assistant par la même occasion au lever du soleil) et entamer notre trajet de retour vers Kumasi. 9H porte à porte, le tout en trotro (4 différents au total). Il va sans dire qu'à la fin, tout le monde est bien content d'arriver et de se dégourdir un peu les pattes !

Nos vacances ont ainsi rapidement touché à leur fin et nous passons tranquillement notre dernière journée sur le campus de KNUST.

Quel bilan tirons-nous de ces deux semaines en immersion africaine ? Hormis la chaleur (parfois écrasante, mais que nous regretterons vite une fois rentrées en France!), l'une des choses les plus dépaysantes fut sans conteste les transports ghanéens. Ils peuvent paraître brouillons lorsque l'on approche d'une gare routière, mais c'est en réalité tout un réseau bien huilé et il faut simplement savoir être patient et ne pas hésiter à se renseigner auprès des autres passagers pour ne pas se faire arnaquer sur le prix. Caroline est passée maître en la matière et nous a toujours menées à bon port ! La nourriture locale repose sur des bons produits, mais les Ghanéens se contentent de quelques plats phares pour vivre, sans vraiment se soucier du goût, alors qu'il y a largement de quoi diversifier et enrichir leur gastronomie ! Mais bon, nous parlons en tant que françaises...

En résumé, une très bonne expérience, dépaysante et enrichissante comme les voyages hors des sentiers battus peuvent l'être. Mais soyons honnêtes, le Ghana n'est pas un pays où nous serions allées s'il n'y avait pas Caroline et Sylvain et il est peu probable que nous y retournions pour le simple plaisir touristique. Merci à eux de nous avoir accueillies et de nous avoir fait découvrir leur environnement !

Suivent quelques photos de notre périple...




Sophie et Marion.

mercredi 13 mars 2013

Aaaaaaaaah l'abordage!!

Une décennie ! Un siècle ! Que dis-je? Un millénaire ! Voilà comment je me représente le temps depuis lequel je n'ai pas mis à jour le blog ! Pardon ! Je le sais, vous étiez tous assis, agrippant fiévreusement les accoudoirs de votre fauteuil en attendant impatiemment qu'un article soit posté. Eh bien voilà ! Et ici mieux qu'ailleurs, il n'est jamais trop tard !
Bon, il faut dire que j'ai des circonstances atténuantes ! Je suis quand même pas mal occupé ces derniers temps ! Et puis, depuis un dizaine de jours désormais, deux spécimens étranges sont venus s'installer à la maison. Ils sont bizarres ces gens, ils arrivent tout blancs et deviennent vite tout rouge... ils parlent de choses un peu bizarres et utilisent des termes inconnus au bataillon... Par exemple, vous connaissez ce mot vous ? « Neige » ! Y en a un autre qui se prononce un peu comme « froa », mais je sais pas si c'est la bonne orthographe...
Allez, cessons les métaphores ! C'est pas drôle. Caro a bien reçu la petite famille qui semble se porter à merveille. Pour ceux d'entre vous qui s'inquiéteraient de n'avoir aucune nouvelle, ne vous en faîtes pas, elles sont en très bonne santé... Au bord de la mer.... Y en a qui ont du cul hein !
Parce que de mon côté, c'est pas les vacances ! Et c'est d'ailleurs le sujet de mon article !
La semaine prochaine est une des plus importantes de l'année. En tout cas celle qui me demande de plus d'investissement. Ah, je vois déjà certains d'entre vous soulevez légèrement un sourcil en voyant où je veux en venir... Mercredi 20 mars, ça vous dit rien ? On entame dès dimanche la désormais célèbre « semaine de la francophonie ». Et ça va chauffer à Kumasi ! J'ai donc quitté depuis un mois mon uniforme de responsable pédagogique pour revêtir celui d'organisateur d'événements... C'est finalement une part non négligeable de mon boulot puisque je travaille avec 2 associations d'étudiants et que la Maison Française que je coordonne est censé également proposer des activités.
Je me suis promis de vous faire un article plein de photos des différents événements que nous avons organisés (j'inclus mes collègues... quand même!) depuis que je suis arrivé à Kumasi. Mais il me semblait quand même marrant de vous donner le programme.

Vendredi soir nous commençons avec le concours « Francotonik », concours universitaire francophone. A KNUST nous organisons les qualifications (1 quiz, du Boggle et 1 dictée), la grande finale aura lieu à Accra la semaine suivante !
On se repose samedi et on commence fort les affaires dimanche avec la traditionnelle coupe d'Afrique francophone. C'est du foot ! Bien entendu ! Nous réunissons dans un grand tournoi toutes les communautés francophones de Kumasi ainsi que les étudiants. 12 équipes participent parmi lesquelles le Mali, le Gabon, le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Congo (brazza pour les précis), le Cameroun, ainsi que l'Alliance Française, et l'association des étudiants de français. Et les grenouilles elles sont où dans l'histoire ? Ben nous, nous ne sommes malheureusement pas assez, mais Olivier et moi-même participeront dans l'équipe « Francophone élite » qui rassemble les apatrides... Ce tournoi durera toute la journée, on y attend environ 500 personnes. Grosse activité pour lancer officiellement les hostilités !
Lundi, on enchaîne avec la mise en place d'un stand « présentatif » d'un pays francophone. Stand tenu par des représentants de leurs pays qui exposeront, dans un lieu public, les « spécialités » de leur pays (vêtements, musique, jeux...). Le pays représenté changera chaque jour jusqu'à vendredi. En parallèle, et ce pour toute la semaine, nous aurons des projections de films à la Maison Française.
Vendredi, tout s'accélère, et l'université cesse d'être seule ! C'est mieux de coopérer ! Nous organisons donc au CREF de Kumasi (wikipédia est votre ami!!) un concours pour les profs de français de la région. Là également, quiz et dictée seront au programme.
Vendredi soir, on change de lieu, prend les communautés francophones, on les rassemble et on élit « miss et mister francophonie ». Bah ouais ! Et comme on est français, bah en parallèle, on fait le concours « masterchef ». Concours de cuisine, OF COURSE !!
Samedi matin, c'est au tour des enfants, 30 collèges de Kumasi participent actuellement à un concours. Le but est simple : fabriquer un panneau présentatif d'un pays francophone. Tous les panneaux seront exposés à l'Alliance Française.
Samedi aprem, « eh being, tu la tires ou tu la pointes? » concours de pétanque ! (on boira le jaune en cachette).
Samedi soir, on la termine comme y faut, avec la traditionnelle soirée francophone ! Remise des prix, petite soirée protocolaire au début, et puis... les rythmes ensoleillés caresseront bien vite nos oreilles. A quelle heure terminera-t-on ?

Vous vous doutez qu'organiser tout ça, c'est forcément pas de tout repos, on a de mauvaises surprises quotidiennes (dernière en date ? L'imprimeur, qui a les modèles de toutes nos affiches et nos tracts n'avait semble-t-il pas compris qu'il devait les imprimer). Autrement dit... Nous commençons dimanche, et la communication n'est même pas encore au point... Mais ça nous tient en haleine !! En tout cas, une chose est sûre, dimanche 24 mars, il ne se passera absolument rien. Et vous n'aurez fort probablement pas d'article:)

C'est tout pour aujourd'hui. Je vous promets qu'une fois les événements terminés, je ferai un article avec des photos. Peut-être qu'entre temps, si la petite famille souhaite vous présenter ses expéditions, vous aurez un article surprise !

Je vous embrasse !

Sylv

dimanche 17 février 2013

Obroni à Kumasi. Effet starlette et envie d'anonymat.

Bonjour à tout le monde !
Ce titre est, il faut bien l'admettre, un peu énigmatique. Vous le comprendrez mieux après avoir lu. En tout cas, en écrivant cet article, je pense que je vais faire du funambulisme, en essayant ni de basculer dans les banalités tout en n'entretenant pas de stéréotypes fâcheux et malencontreux. En tout cas en essayant de ne pas choquer mes biens chers lecteurs... Bref, je l'écris, et on verra.

C'est marrant pour nous de rentrer en France quelques temps, car les copains, qui se font cela dit très discrets quand nous sommes absents (bim, ça c'est dit), nous posent des questions parfois bien imprévisibles, et pourtant tellement justifiées. Et ces questions, dont les réponses semblent pour nous évidentes, ne le sont pas :
Vous croisez souvent des blancs ?
Ca fait comment d'être « immergé » ? En minorité ?
Et les gens, ils réagissent comment avec les blancs ?
Tout ce tas de question on les comprend sans jamais vraiment y répondre. C'est un sujet épineux ! D'autant qu'en rentrant, j'ai toujours la fâcheuse impression de découvrir une France un peu moins tolérante que lorsque je l'avais quittée... Ca complique les choses. « Et puis merde ! » me dis-je. Après tout, c'est notre quotidien, et étant donné l'amour que je porte à l'Afrique, je doute que quiconque d'entre vous puisse mal interpréter mes paroles...

Alors, la réponse à la première question est très simple. Ici, à Kumasi, la population « Obroni » (terme local pour définir le blanc) est tout de même extrêmement limitée ! A l'université, en comptant à la louche, nous devons être une cinquantaine (sur 50 000 personnes quand même) en ville ça doit être la même proportion. Il arrive en tout cas extrêmement souvent qu'on ne croise pas un seul blanc pendant toute une journée. Il arrive aussi qu'on en croise des groupes de 10 de temps en temps... Alors concernant les nationalités, disons que la grande majorité des gens que l'on rencontre ici sont soit allemands, soit néerlandais. Quelques américains viennent boucler la boucle. Concernant les français... c'est moins glorieux ! Nous sommes une petit quarantaine sur TOUTE la région Ashanti (environ 10 millions d'habitants). Ca pèse pas bien lourd, faut bien l'avouer. Ici, à Kumasi, nous sommes une dizaine. En mai l'ambassadeur de France est venu faire une visite à Kumasi, et une réunion des français de Kumasi a été organisée. Il a pas dû être déçu du voyage notre ambassadeur quand il a vu 20 pelés se pointer (dont la moitié en couple mixte)...
Je ne m'attarderai pas sur Accra, que je connais peu, mais à la capitale, les choses sont bien différentes, et on en croise beaucoup plus fréquemment ! Tellement qu'ici, on dit qu'Accra est une ville d'obronis... Bon, tout est relatif, bien sûr.

Deuxième question maintenant. Je passerai vite également. Au début ça fait un peu bizarre, et il arrive parfois quand on se trouve dans des endroits surpeuplés, de regarder autour de nous et de se dire : « Wow ! j'suis le seul blanc !! ». Moi personnellement, quand je fais ce genre de constatation, ça me fait bien marrer mais je n'y attache aucune importance. Ca fait plus bizarre à d'autres personnes qui admettent être contentes de voir des blancs de temps en temps. Après un moment dans cet environnement, évidemment, ça passe et on n'y pense plus. Ca devient parfois un jeu. Lorsque nous sommes allés voir le match de foot, avant que le match commence, nous nous sommes par exemple amusés à compter les blancs dans les tribunes. L'avantage, c'est que de loin, on nous repère bien ! Et puis ça occupe, D'autant que, vous le savez tous, le temps ici est un peu élastique... J'en parlerai dans un prochain article.

Allez, c'est là qu'il y a beaucoup à dire ! Tellement ! Comment les gens réagissent-ils avec les blancs ?? tout d'abord, je vais commencer en disant que lorsque je rentre en France et que je prends un transport en commun, je suis à chaque fois très étonné par le nombre d'origines représentées dans une rame de métro. Ici, c'est bien différent, et malgré la mondialisation, voir un blanc reste une chose assez peu fréquente... qui attire, pour plein de raisons :
Commençons par le négatif, le stéréotype connu de tous et malheureusement, difficile à contrer : l'argent. Un blanc est par définition riche, tellement riche qu'il peut donner de l'argent à gogo, peut-être même balancer des billets par sa fenêtre s'il en a un peu trop. Alors bien sûr, quand il s'agit d'un vendeur, le prix gonfle... Encore maintenant, malgré mon niveau convenable en twi, je me fais avoir, et il vaut toujours mieux se faire accompagner d'un ghanéen pour faire des achats importants. C'est la même chose avec les taximen. C'est parfois encore plus choquant avec eux, car au cas où on connaîtrait le prix, ils préfèrent abandonner le client plutôt que de lui faire payer le prix local... Dans la rue, les gens qui n'ont pas grand chose se précipiteront obligatoirement vers vous... Après tout, c'est normal, l'image qu'on leur donne de l'Europe est tellement idéaliste (et fausse), et les ghanéens qui vivent en Europe doivent tellement prouver qu'ils ont réussi qu'ils ne peuvent s'empêcher, lorsqu'ils rentrent de vacances, de claquer un maximum d'argent de d'offrir des cadeaux hors de prix, ce qui entretient un peu le « rêve européen ».
Malheureusement, cet aspect reste omniprésent dans notre vie quotidienne. Dans notre quartier, nous n'avons quasiment plus de problèmes, les gens nous connaissent et nous laissent souvent tranquille, mais dès qu'on sort des sentiers battus, il faut à nouveau se battre...

Allez, passons au positif un peu ! Selon les explications qu'on me donne, les gens aiment bien voir des blancs. C'est la raison pour laquelle on nous appelle très souvent. Baladez-vous au ghana et la douce musique du mot « Obroni » devrait résonner dans vos oreilles un certain nombre de fois. Ca passe avec les enfants et les gens « peu éduqués ». Par contre, quand c'est un prof de fac qui vous appelle ainsi, c'est un peu moins marrant. Il paraît que les gens sont contents de nous voir, et ils veulent qu'on les remarque. De quelle autre manière pourraient-ils nous appeler ? « Obroni » est souvent suivi par une question en twi : « Comment ça va ? ». Si vous répondez en langue locale, vous avez trop la classe, et vous aurez illuminé la journée de quelqu'un !

D'une certaine manière, et comme certains européens considèrent que c'est la classe d'avoir un pote black ou un pote homo, ici, avoir un pote blanc, c'est franchement trop la méga classe ! La notion d'amitié étant très différente ici (j'y consacrerai un article), à partir du moment où vous saluez quelqu'un, vous êtes potentiellement un pote, et si vous êtes reconnu dans la rue vous y aurez le droit : « Obroni !! » suivi d'un sourire et d'un geste de main.

Vous le comprenez donc, maintenant ! le titre de cet article ! Que vous le vouliez où non, ici, vous êtes une star en ayant rien fait. Les gens vous remarqueront, feront attention à vous et chercheront à être votre pote, ou à vous arnaquer (ou les deux d'un coup!!). C'est parfois agréable, on a vraiment l'impression d'exister, attention cependant aux journées où vous êtes de mauvais poil. Le 15ème « obroni » de la journée pourrait bien vous être fatal, et le regard que vous jetterez au malheureux qui a fait l'erreur de prononcer ce mot en dira long sur votre état de nerfs. On se met dans une moindre mesure dans la peau des starlettes d'Hollywood... Moi, ce que j'en pense : les pauvres !!

C'est tout pour cet article. Nous allons bien. Il n'a pas plu depuis un bon moment à Kumasi et la chaleur pèse en ce moment. Même Caro transpire ! Les moustiques prolifèrent, en témoigne mon épaule gauche qui semble offrir une réserve de sang très intéressante ! Mais, mis à part ça, tout va très bien.

Des bises à tous !

Sylv et Caro